Pour la veuve de Sarepta, le Seigneur vient à sa rencontre à travers le prophète Elie. Ce pauvre de Dieu, lui aussi, qui vit de la parole divine. Au nom de Dieu, il demande à manger à cette femme… ! En réponse à l’accueil reçu, l’homme de Dieu va donner aussi tout ce qu’il a : un miracle, fruit de la foi et de la confiance totale dans le Seigneur : « n’ai pas peur ». Alors ils ne manqueront de rien. Ce qui compte aux yeux de Dieu, ce n’est pas la grandeur de l’action, mais la foi et l’amour. Lorsque la femme décide de tout donner, alors survient le miracle. Le Seigneur entend ceux qui donnent tout, sans aucune réserve.
Pour la veuve de Jérusalem, c’est elle qui va au Temple à la rencontre du Seigneur ! Pleine de foi. Son geste d’offrande discret, humble mais rempli d’amour bouleverse le Fils de Dieu. Elle se croyait seule, inconnue, méprisée, et voilà qu’elle est regardée, admirée, aimée secrètement par le Seigneur. Jésus déclare qu’elle a mis plus que tout le monde. Saint Marc met un petit mot essentiel dans la bouche de Jésus : « tout » ! Pour elle pas de miracle, son geste s’accomplit dans l’obscurité de la foi entre elle et son Dieu. Et pourtant il sera connu dans le monde entier.
Sa récompense sera le regard sauveur de Jésus sans même s'en rendre compte. Les scribes eux cherchent leur récompense dans le regard des hommes : « méfiez-vous d’eux » dit Jésus. Ils se cachent derrière l’apparence en donnant le superflu ! Méfiez-vous des scribes ! C'est-à-dire : Méfiez-vous du désir de plaire, ce désir qui enchaine bien souvent le cœur de l’homme. Ce désir est engendré en fait par une peur terrible et ravageuse, la peur de déplaire, de choquer, d’avoir une opinion différente. Peur qui entraine une attitude fausse : laquelle consiste à penser et à dire ce que les autres veulent entendre, au détriment de la vérité. Le disciple de Jésus ne peut pas se laisser atteindre par cette maladie mortelle du désir démagogique de plaire. Nous le comprenons bien : Le Seigneur à l’exemple de ces deux veuves nous invite non à plaire aux hommes, non à nous satisfaire nous-même, mais à plaire à Dieu.
Ce qui n’est rien aux yeux des hommes est souvent tout aux yeux de Dieu et ce qui est tout aux yeux de l’homme n’est souvent rien aux yeux de Dieu. Aux yeux des hommes cette femme ne met rien dans la caisse du temple, aux yeux de Dieu elle met tout !
Beaucoup de questions se posent alors à nous : comment donnons-nous ? Sur quoi donnons-nous ? Sur notre superflu ? Mais Jésus est sévère avec ceux-là ! Et où en sommes-nous dans nos désirs de plaire, dans nos peurs de déplaire ! Quel est le regard qui nous importe ? Celui de Dieu ou celui des hommes ?
Puissions-nous vivre dans la vérité et la gratuité du don de nous-mêmes à Dieu et nos frères !
P. Michel Muel